trouve libre ! Il n’y a pas un moment à perdre ; il faut m’en faire aimer, et l’arracher à l’indigne engagement qu’on lui destine. Tu connais donc ce tuteur ?
FIGARO. Comme ma mère.
LE COMTE. Quel homme est-ce ?
FIGARO, vivement. C’est un beau gros, court, jeune vieillard, gris, pommelé, rusé, rasé, blasé, qui guette, et furette, et gronde, et geint tout à la fois.
LE COMTE, impatienté. Eh ! je l’ai Vu. Son caractère ?
FIGARO. Brutal, avare, amoureux et jaloux à l’excès de sa pupille, qui le hait à la mort.
LE COMTE. Ainsi, ses moyens de plaire sont…
FIGARO. Nuls.
LE COMTE. Tant mieux. Sa probité ?
FIGARO. Tout juste autant qu’il en faut pour n’être point pendu.
LE COMTE. Tant mieux. Punir un fripon en se rendant heureux…
FIGARO. C’est faire à la fois le bien public et particulier, chef d’œuvre de morale, en vérité, Monseigneur !
LE COMTE. Tu dis que la crainte des galants lui fait fermer sa porte ?