Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vii ]N"OTir.K

bats et n'a pas obtenu des succès moins difliciles ,

moins disputés , moins extraordinaires.

Le beau , le gai , l'aimable Beaumarchais débuta par deux drames d'un genre passablement sombre : il appeloit cela le i^enre honnête. Nul auteur drama- liijue ue fut plus accusé d'indécence, et n'eut ou du moins n'afficha plus de prétentions à la moralité. Ce qu'il y a d'un j)eu singulier, c'est qu'il crovoit parvenir également à ce but par le genre honnête et par relui qui ne l'éloit pas , en peiguant des mœurs décentes et des mœurs licencieuses, en faisant les Deux Amis et le Mariage de Figaro : du moin.s c'é- toit là ce qu'il essayoit de prouver dans ses préfaces. Mais on sait ce qu'en général il faut penser de cette logique d'un auteur qui voudroit faire apercevoir de la conséquence dans ce qui en est le moins sus- ct-ptibie , les caprices de l'imagination et ces inspi- rations qu'on appelle des idées d'ouvrages. Il vous a montré la vertu , c'est pour vous la faire aimer et suivre; le vice, pour vous le faire haïr et éviter. Rien de tout cela ; le plus souveut , il a voulu vous faire pleurer ou rire , selon l'occasion, sans j)rojet de vous rendre meilleurs on pires. Ce sont les in- discrets censeurs qui nous attirent ces oiseuses apo- logies. Si l'on ne s'avisoitpas souvent mal à propos d'accuser un auteur comique d'immoralité , celui-ci ne peuseroit jamais à reveudi'juer plus mal à propos encore Ja gloire d être un écrivain uxoral. Je soup-

�� �