Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/16

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X - NOTICE

lecture, on préférerolt peut-être à Eugénie les Deux Amis, dont le sujet est' moins romanesque et eu même temps moins commun , l'intrigue mieux con- duite , le style plus naturel , plus soigné , de meil- leur goût. Le premier acte delà pièce offre un ta- bleau de l'intérêt le j)lus doux et le plus aimable. C'est une jt'une fille ornée de toutes les qualités et de tous les charmes , qui fait l'orgueil et le bonheur de tout ce qui l'enviroiine ; c'est un amant rempli d'ardeur et de timidifé , qui aspii'e au moment d'u- nir pour jamais son sort à celui de cette fille adorée, compagne de son enfance ; ce sont deux pères , liés d'une ancienne amitié ,qui se sont trop bien enten- dus sur l'objet de leur plus cher désir, pour avoir eu besoin de s'en faire l'aveu formel , sourient mys- térieusement à la tendresse de leurs enfants , et n'ont l'air de l'ignorer que pour mêler un peu de retenue à leurs empressements , un peu d'incertitude à leur espoir, et par là rendre plus vif l'instant de bonheur qui doit les donner l'un et l'autre. Tout dans celte maison respire le calme de la prospérité et les dou- ces agitations de l'amour; il semble qu'il ne soit pas au pouvoir du sort de troubler un état si pai- sible , si fortuné ; et voilà que tout à coup un grand revers , fondant à la fois sur ces quatre personnages, met en danger leurs biens, leur honneur, leur vie et leur amour. On retrouve, dans le premier acte de l'opéra de Lucile, à peu près cette même situa*

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