Page:Beaumarchais - Œuvres choisies Didot 1913 tome 1.djvu/168

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i32 ESSAI SUR LE GENRE

rhonuèteté de la moryle qu'on a fait grâce aux dé- fauts de l'ouvrage ; il en faut conclure que Paris ne le cède point eu sensibilité aux provinces du rovau- me; et pour moi, je crois que .si les vices qui frap- pent mon censeur y semblent plus communs , c'est seulement en raison composée du plus grand nombre d'hommes que cetîe \ille rassemble, et de l'cléva- tien du théâtre sur lequel ils sont placés.

On reproche au genre noble et sérieux de man- quer de nerf, de chaleur, de force ou de sel comi- que : car le l'is comica des Latins renferme toutes ces choses: voyons si ce reproche est fondé. Tout objet trop neuf pour présenter eu soi des règles po- sitives de discussion,. "«e juge par analogie à des objets de même nature, mais plus connus. Appliquons cette méthode à la (juestiou présente. Le drame sérieux et louchant tient le milieu entre la tragédie héroï- que et la comédie plaisante. Si je l'examine par le côté où il s'éle\e Au tragique, je me demande, la chaleur et la force d'un être théâtral se tirent-elles de son état civil ou du fond de sou caractère.' Ua coup d'oeil sur les modèles que la nature fournit à l'art imitateur m'apprend que la vigueur de ca- ractère n'appartient pas plus au priuce qu'au par- ticulier. Trois hommes s'élèvent du sein de Rome, et se partagent l'empire dn monde. Le premier est lâche et pusillanime; le second, vaillant, présomp- tueux, et féroce; et le troisième, un fourbe adroit. qui dépouille les deux autres. Mais Octave , Anloiue et ;Lépide montèrent au triumvirat avec un carac- tère qui décida seul de la différence de leur sort dans la jouissance de l'usurpation coiumune. El la mollesse de l'un, la violence de l'autre, et l'astuce du dernier, auroient en également leur effet, quand il ne se fût agi entre eux que du partage d'une suc- cession privée. Tout homme est lui-même j)ar .-son

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