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DRAMATIQUE SÉRIEUX. i33

caractère, il est ce qu'il plaît au sort par son état sur lequel ce caractère influe beaucoup ; d'où il sait que le drame sérieux qui me présente des hommes •vivement affectés par un événement , est susceptible d'autant de nerf, de force ou d'élévation, que la tragédie héroïque , qui me montre aussi des hommes ■vivement affectés, dans des conditions seulement plus relevées. Si j'observe le drame noble et grave par le point où il touche au comique, je ne puis disconvenir que le vis comicu ne soit un moyen indispensable de la bonne comédie : mais alors je demanderai pourquoi l'on imputeroit au genre sé- rieux un défaut de cbaleur qui , s'il existe, ne peut provenir que de la mal-adresse de l'auteur? Puisque ce £;eure prend ses personnages au sein de la société, comme la comédie gaie; les caractères qu'il leur suppose doivent-ils avoir moins de vigueur, sortir avec moins de force, dans la douleur ou la colère d'un événement qui engage Ihonneur et la ^ie, que lorsque ces caractères sont employés à démêler des intérêts moins pressants , dans de simples embarras , ou dans des sujetspurement comiques? Aussi quand tons les drames que j'ai ci-devant cités manqueroient de force comique, ce que je suis bien loin de pen- ser; quand même Eugénie , dont j'ose à peine parler après tous ces modèles, seroit encore plus foible, la question ne devroit jamais rouler que sur le plus ou le moins de capacité des auteurs, et non sur un genre, qui de sa nature est le moins boursoufflé , mais le plus nerveux de tous. De même qu'il seroit imprudent de dire du mal de l'épopée, quand 1 Iliade €t la Henriade n'existeroieut pas, et enco.e que nous n'eussions à citer pour tout exemple en ce geure, que le Clovis ou la Pucelie (j'entends celle de Chapelain.)

Il s'eleve une autre question , sur laquelle je dirai

BEAUMARCHAIS. I. I2

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