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le château vert

— Pardi ! Comme toute la ville.

— On raconte que, du temps que nous étions maçons, j’ai volé une cassette pleine d’or.

— Mon Dieu, on raconte tant de choses sur l’un, sur l’autre. Faut pas prêter de l’attention. D’ailleurs, ces bruits s’apaisent.

— Ce n’est pas la question. Suis-je un voleur ?

— Oh ! oh !… Ce n’est pas à moi qu’on racontera ça ! protesta Micquemic, qui se versait une seconde rasade.

— Ne mens pas ! On t’accuse, toi, d’avoir précisément raconté cette histoire.

— Moi ! et qui ?

— Tu dois le savoir.

— Moi ! Moi ! Qu’on vienne me le soutenir en face !

Micquemic se frappait la poitrine à grands coups d’indignation, la trogne spongieuse et écarlate, les yeux mouillés de larmes.

— Ne sois pas si pressé dans tes protestations. Réfléchis que, dans ce vieux château, sous l’escalier, où j’aurais découvert la merveilleuse cassette, nous étions seuls, toi et moi.

— C’est vrai : nous étions seuls, je m’en souviens toujours. Je sais également que vous avez été toujours bon pour moi, dans ma chienne d’existence. Té ! justement, j’avais quelque chose à vous demander.

— Pardon ! Écoute-moi. C’est du Château Vert, paraît-il, qu’est sorti ce monstre de mensonge, et c’est toi seul qui as pu l’imaginer devant les hôteliers du Grau.

— Ces gens-là sont des canailles !

— Tu viendras un jour avec moi, mais dans deux semaines d’ici, répéter aux Jalade qu’ils sont des canailles.

Micquemic se gratta la tête, et d’un ton bourru il grommela :

— Pourquoi dans deux semaines ?

— J’ai mon idée.

— Bien. Je suis à vos ordres. À moins que ma femme malade… Ah ! ma pauvre femme ! J’ai pas le sou ! C’est à cause d’elle que je vous ai accroché dans la rue… Si vous m’aidiez un peu, un tout petit peu…

— Farceur, va !… Et dire qu’un mot de toi a pu faire tant de mal !…

— Non ! Non ! Je n’ai jamais parlé sur vous.

— Finissons-en. Tu m’accompagneras au Château Vert