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moment de repos. Je craignais toujours qu’on ne me fît banqueroute ; que mes marchandises ne se gâtâssent ; que les vaisseaux que j’avais sur la mer, ne fissent naufrage ; ainsi, j’ai quitté le commerce pour essayer d’être plus tranquille, et j’ai acheté une charge chez le roi. D’abord, j’ai eu le bonheur de plaire au prince, je suis devenu son favori, et je croyais que j’allais être content ; mais je connus bientôt que j’étais plus esclave du prince, que son favori. Il fallait renoncer à tout moment à mes inclinations, pour suivre les siennes. Il aimait la chasse et moi le repos ; cependant, j’étais obligé de courir avec lui les bois toute la journée : je revenais au palais, bien fatigué, et avec une grande envie de me coucher. Point du tout, la maîtresse du roi donnait un bal, un festin ; on me faisait l’honneur de m’en prier pour faire sa cour au roi : j’y allais en enrageant ; mais l’amitié du prince me consolait un peu. Il y a environ quinze jours qu’il s’est avisé de parler d’un air