Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’une ; moi, mouiller mes pieds ! disait l’autre ; moi, salir mes robes ! s’écriait une troisième ; exécrable Bababalouk ! disaient-elles toutes à la fois, ordure d’enfer ! Qu’avais-tu besoin de flambeaux ? Plutôt que les tigres nous eussent dévorées, que d’être vues dans l’état où nous sommes ! Nous voilà perdues pour jamais. Il n’y aura pas de portefaix dans l’armée, ni de décrotteur de chameaux qui ne puisse se vanter d’avoir vu une partie de notre corps, et, qui pis est, nos visages. En disant ces mots, les plus modestes se jetèrent la face dans les ornières. Celles qui avaient un peu plus de courage en voulurent à Bababalouk : mais lui, qui les connaissait et qui était fin, s’enfuit à toutes jambes avec ses confrères, en secouant leurs torches et battant des timbales.

L’incendie répandit une lumière aussi vive que le soleil au plus beau jour de la canicule, et il faisait chaud à proportion. Oh ! comble d’horreur ! On voyait le Calife embourbé comme un simple mortel ! Ses