Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/201

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feu. J’attache plus de valeur à votre belle personne qu’à tous les trésors des sultans préadamites ; et je veux la posséder à mon aise, et en plein air, pendant bien des lunes, avant que d’aller m’enfouir sous terre. Oubliez ce petit sot de Gulchenrouz, et… — Ah ! Seigneur, ne lui faites point de mal, interrompit Nouronihar. — Non, non, reprit Vathek ; je vous ai déjà dit de ne rien craindre pour lui ; il est trop pétri de lait et de sucre pour que j’en sois jaloux : nous le laisserons avec les nains (qui, par parenthèse, sont mes anciennes connaissances) ; c’est une compagnie qui lui convient mieux que la vôtre. Au reste, je ne retournerai plus chez votre père ; je ne veux pas l’entendre, lui et ses barbons, me criailler aux oreilles que je viole les lois de l’hospitalité, comme si ce n’était pas un plus grand honneur pour vous d’épouser le Souverain du monde qu’une petite fille habillée en garçon.

Nouronihar n’eut garde de désapprouver un discours aussi éloquent. Elle aurait seu-