Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/224

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formidable à Samarah : que Motavekel, profitant de l’horreur qu’inspirait son frère, avait soulevé le peuple, s’était emparé du palais, et faisait le siège de la grande tour, où Morakanabad s’était retiré avec un petit nombre de ceux qui restaient encore fidèles. Quoi ! s’écria-t-elle, je perdrais ma tour, mes muets, mes négresses, mes momies, et surtout mon cabinet d’expériences qui m’a coûté tant de veilles, et cela sans savoir si mon étourdi de fils viendra à bout de son aventure ! Non, je n’en serai pas la dupe ; je pars dans l’instant pour secourir Morakanabad par mon art redoutable, et faire pleuvoir sur les conspirateurs des clous et des ferrailles ardentes ; j’ouvrirai mes magasins de serpents et de torpèdes, qui sont sous les grandes voûtes de la tour et que la faim a rendu enragés, et nous verrons si l’on tiendra contre de tels assaillants. En parlant ainsi, Carathis courut à son fils, qui banquetait tranquillement avec Nouronihar dans son beau pavillon incarnat. Goulu que tu es, lui dit-elle ; sans