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VATHEK,

À ce nom de palais souterrein, le Calife suspendit ses caresses, qui avoient déjà été assez loin, pour se faire expliquer ce que Nouronihar vouloit dire. Alors elle lui raconta sa vision, ce qui l'avoit suivie, & l'histoire de sa prétendue mort ; elle lui dépeignoit le lieu d'expiation d'où elle s'étoit échappée, d'une manière qui l'auroit fait rire, s'il n'avoit pas été très-serieusement occupé. Elle n'eut pas plutôt cessé de parler, que Vathek la reprenant dans ses bras, lui dit; allons, lumière de mes yeux, tout est dévoilé. Nous sommes tous deux pleins de vie : votre père est un fripon qui nous a trompés pour nous séparer ; & le Giaour, qui, à ce que je comprends, veut nous faire voyager ensemble, ne vaut guères mieux. Ce ne sera pas du moins de long-tems, qu'il nous tiendra dans son palais de feu. J'attache plus de valeur à votre belle personne, qu'à tous les trésors des sultans préadamites ; & je veux la posséder à mon aise, & en plein air pendant bien des lunes, avant que d'aller m'enfouir sous terre. Oubliez ce petit sot de Gulchenrouz, &… Ah, Seigneur, ne lui faites point de mal, interrompit Nouronihar. Non, non, reprit Vathek ; je vous ai déjà dit de ne rien craindre pour lui ; il est trop pétri de lait & de sucre pour que j'en sois