Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/14

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vouloit admettre en leur compagnie.

Malgré toutes les voluptés où Vathek se plongeoit, ce prince n’en étoit pas moins aimé de ses peuples. On croyoit qu’un Souverain qui se livre au plaisir, est pour le moins aussi propre à gouverner que celui qui s’en déclare l’ennemi. Mais son caractère ardent & inquiet ne lui permit pas d’en rester là. Du vivant de son père il avoit tant étudié pour se désennuyer, qu’il savoit beaucoup ; il voulut enfin tout savoir, même les sciences qui n’existent pas. Il aimoit à disputer avec les savans ; mais il ne falloit pas qu’ils poussassent trop loin la contradiction. Aux uns il fermoit la bouche par des présens ; ceux dont l’opiniâtreté résistoit à sa libéralité, étoient envoyés en prison pour calmer leur sang : remède qui souvent réussissoit.

Vathek voulut aussi se mêler des querelles théologiques, & ce ne fut pas pour le parti généralement regardé comme orthodoxe qu’il se déclara. Il mit par-là tous les dévots contre lui : alors il les persécuta ; car à quelque prix que ce fût, il vouloit toujours avoir raison.

Le grand Prophète Mahomet, dont les Califes sont les Vicaires, étoit indigné dans le septième Ciel7 de la conduite irréligieuse d’un de ses