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CONTE ARABE

faire tomber sa vengeance sur cette méchante femme, et sur toute sa famille.

Au bruit que cet étrange combat faisoit dans le vallon, Gulchenrouz s’éveilla, fit un furieux bond, grimpa sur un figuier, & gagnant la cîme du rocher, courut sans prendre haleine ; enfin, il tomba comme mort entre les bras d’un bon vieux Génie qui chérissoit les enfans, & s’occupoit entiérement à les protéger. Ce Génie, faisant sa ronde dans les airs, avoit fondu sur le cruel Giaour lorsqu’il grommeloit dans son horrible fente, & lui avoit enlevé les cinquante petits garçons que Vathek avoit eu l’impieté de lui sacrifier. Il éduquoit ces intéressantes créatures dans des nids élevés au-dessus des nuages, & habitoit lui-même un nid plus grand que tous les autres ensemble, dont il avoit chassé les rocs qui l’avoient construit.

Ces sûrs asyles étoient défendus contre les Dives & les Afrites par des banderolles flottantes, sur lesquelles étoient écrits en caractères d’or brillans comme l’éclair, les noms d’Allah & du Prophète. Alors Gulchenrouz, qui n’étoit pas encore désabusé sur sa prétendue mort, se crut dans les demeures d’une paix éternelle. Il s’abandonnoit sans crainte aux caresses de ses petits