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CONTE ARABE

de forcer les chevaux à reprendre la grande route.

On n’eut pas de peine à exécuter cet ordre ; l’attraction n’existoit plus, le soleil avoit repris tout l’éclat de sa lumière, & le berger avoit disparu en jettant un cri lamentable. La fatale impression de la musique du Génie, étoit cependant restée dans le cœur de la plupart des gens de Vathek ; ils se regardoient les uns les autres avec effroi. Dès la nuit même presque tous s’échappèrent, & il ne resta de ce nombreux cortège que le chef des eunuques, quelques esclaves idolâtres, Dilara, & un petit nombre d’autres femmes, qui suivoient comme elle la religion des Mages.

Le Calife, dévore par l’ambition de donner des loix aux Intelligences ténébreuses, s’embarrassa peu de cette désertion. Le bouillonnement de son sang l’empêchant de dormir, il ne campa plus comme à l’ordinaire. Nouronihar, dont l’impatience surpassoit, s’il se peut, la sienne, le pressoit de hâter sa marche, & pour l’étourdir, lui prodiguoit mille tendres caresses. Elle se croyoit déjà plus puissante que Balkis66, & s’imaginoit voir les Génies prosternés devant l’estrade de son trône. Ils s’avancèrent ainsi au