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VATHEK,

ceux qui étoient sur les sabres du Giaour ; ils avoient la même vertu de changer à chaque instant ; enfin, ils se fixèrent en lettres arabes, & le Calife y lut ces mots : Vathek, tu as manqué aux conditions de mon parchemin ; tu mériterois d’être renvoyé ; mais en faveur de ta compagne & de tout ce que tu as fait pour l’acquérir, Eblis permet qu’on t’ouvre la porte de son palais, & que le feu souterrein te compte parmi ses adorateurs.

À peine avoit-il lu ces mots, que la montagne contre laquelle la terrasse étoit adossée trembla, & que les phares semblèrent s’écrouler sur leurs têtes. Le rocher s’entr’ouvit, & laissa voir dans son sein un escalier de marbre poli, qui paroissoit devoir toucher à l’abîme. Sur chaque degré étoient posés deux grands cierges, semblables à ceux que Nouronihar avoit vus dans sa vision, & dont la vapeur camphrée s’élevoit en tourbillon sous la voûte.

Ce spectacle, au lieu d’effrayer la fille de Fakreddin, lui donna un nouveau courage ; elle ne daigna pas seulement prendre congé de la lune & du firmament, & sans hésiter, quitta l’air pur de l’atmosphère, pour se plonger dans des exhalaisons infernales. La marche de ces deux impies,