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VATHEK,

des femmes, & par une curiosité qui ne se bornoit pas aux choses sublunaires. J’écoutai les conseils d’Aherman, & de la fille de Pharaon ; j’adorai le feu & les astres ; & quittant la ville sacrée, je commandai aux Génies de construire les superbes palais d’Istakhar & la terrasse de phares, dont chacun étoit dédié à une étoile. Là, pendant un tems, je juis en plein de la splendeur du trône & des voluptés ; non-seulement les hommes, mais encore les Génies m’étoient soumis. Je commençois à croire, ainsi que l’ont fait ces malheureux Monarques qui m’entourent, que la vengeance céleste étoit assoupie, lorsque la foudre brisa mes édifices & me précipita dans ce lieu. Je n’y suis cependant pas, comme tous ceux qui l’habitent, entiérement dépourvu d’espérance. Un ange de lumière m’a fait savoir, qu’en considération de la piété de mes jeunes ans, mes tourmens finiront lorsque cette cataracte, je compte les gouttes, cessera de couler : mais hélas ! quand arrivera ce tems si desiré ? Je souffre, je souffre, un feu impitoyable dévore mon cœur.

En disant ces mots, Suleïman éleva ses deux mains vers le ciel en signe de supplication, & le Calife vit que son sein étoit d’un crystal transparent,