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CONTE ARABE

l’Afrite lui-même n’avoit jamais vus. Elle passa par des descentes rapides qui n’étoient connues que d’Eblis & des plus puissans de ses favoris, & pénétra au moyen de ces talismans jusqu’aux entrailles de la terre d’où souffle le fanfar, vent glacé de la mort : rien n’effrayoit son cœur indomptable. Elle trouvoit cependant chez tout ce monde qui portoit la main droite sur le cœur, une petite singularité qui ne lui plaisoit pas.

Comme elle sortoit d’un des abîmes, Eblis se présenta à ses regards. Mais malgré tout l’imposant de sa majesté, elle ne perdit pas contenance, & lui fit même son compliment avec beaucoup de présence d’esprit : ce superbe Monarque lui répondit ; Princesse, dont les connoissances & les crimes méritent un siége élevé dans mon empire, vous faites bien d’employer le loisir qui vous reste ; car les flammes & les tourmens qui s’empareront bientôt de votre cœur, vous donneront assez d’occupation. En disant ces mots, il disparut dans les draperies de son tabernacle.

Carathis resta un peu interdite ; mais résolue d’aller jusqu’au bout, & de suivre le conseil d’Eblis, elle rassembla tous les chœurs des Ginns, & tous les Dives pour en recevoir les homma-