Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/30

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Ces transports n’auroient pas fini, si l’éloquence de Carathis n’eût ramené le calme. Elle engagea son fils à retourner à Samarah, & il s’y fit précéder par un héraut qui crioit de toutes ses forces : le merveilleux étranger a reparu, il a guéri le Calife, il a parlé, il a parlé !

Aussi-tôt, tous les habitans de cette grande ville sortirent de leurs maisons. Grands & petits couroient en foule pour voir passer Vathek & l’Indien. Ils ne se lassoient point de répéter : il a guéri notre Souverain, il a parlé, il a parlé ! Ces mots devinrent ceux du jour, & ne furent point oubliés dans les fêtes publiques qu’on donna le soir même en signe de réjouissance ; les poëtes en firent le refrain de toutes les chansons qu’ils composèrent sur ce beau sujet.

Alors, le Calife fit rouvrir les palais des sens ; & comme il étoit plus pressé de visiter celui du goût qu’aucun autre, il ordonna qu’on y servît un splendide festin, auquel ses favoris & tous les grands officiers furent admis. L’Indien, placé à côté du Calife, feignit de croire que pour mériter autant d’honneur, il ne pouvoit trop manger, trop boire, ni trop parler. Les mets disparoissoient de la table aussi-tôt qu’ils étoient servis. Tout le monde se regardoit avec étonnement ;