Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/40

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d’en rire. Plusieurs étoient encore entre les mains des chirurgiens à la suite des blessures reçues dans cette mémorable aventure.

Vathek étoit très-aise qu’on le prît sur ce ton, parce qu’il voyoit que cela le conduiroit à ses abominables fins. Il avoit un air affable avec tout le monde, sur-tout avec ses visirs & les grands de sa Cour. Le lendemain, il les invita à un repas somptueux. Peu-à-peu il fit tomber la conversation sur leurs enfans, & demanda d’un air de bienveillance qui d’entr’eux avoit les plus jolis garçons ? Aussi-tôt, chaque père s’empresse à mettre les siens au-dessus de ceux des autres. La dispute s’échauffa ; on en seroit venu aux mains sans la présence du Calife qui feignit de vouloir en juger par lui-même.

Bientôt on vit arriver une bande de ces pauvres enfans. La tendresse maternelle les avoit ornés de tout ce qui pouvoit rehausser leur beauté. Mais tandis que cette brillante jeunesse attiroit tous les yeux & les cœurs, Vathek l’examina avec une perfide avidité, & en choisit cinquante pour les sacrifier au Giaour. Alors, avec un air de bonhommie, il proposa de donner à ses petits favoris une fête dans la plaine. Ils devoient, disoit-il, se réjouir encore plus que tous