Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/43

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grinçant des dents : où sont-ils ? où sont-ils ? Impitoyable Giaour ! répondit Vathek tout troublé, n’y a-t-il pas moyen de te contenter sans le sacrifice que tu exiges ? Ah ! si tu voyois la beauté de ces enfans, leurs graces, leur naïveté, tu en serois attendri. La peste de ton attendrissement, bavard que tu es ! s’écria l’Indien ; donne, donne-les vîte ! ou ma porte te sera fermée à jamais. Ne crie donc pas si haut, repartit le Calife en rougissant. Oh ! pour cela, j’y consens, reprit le Giaour, avec un sourire d’ogre ; tu ne manques pas de présence d’esprit : j’aurai patience encore un moment.

Pendant cet affreux dialogue, les jeux étoient dans toute leur vivacité. Ils finirent enfin, lorsque le crépuscule gagna les montagnes. Alors, le Calife se tenant debout sur le bord de l’ouverture, cria de toutes ses forces : que mes cinquante petits favoris s’approchent de moi, & qu’ils viennent selon l’ordre du succès qu’ils ont eu dans leurs jeux ! Au premier des vainqueurs je donnerai mon bracelet de diamans, au second mon collier d’émeraudes, au troisième ma ceinture de topaze, & à chacun des autres quelque pièce de mon habillement, jusqu’à mes pantoufles.

À ces paroles, les acclamations redoublèrent ;