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CONTE ARABE.

28. Obéis ! reprit le Calife, car c’est ma volonté suprême ; c’est ici, & nulle autre part que je veux recevoir ces bonnes gens qui te mettent en extase.

L’eunuque s’en alla en murmurant, & dit au vénérable cortège de le suivre. Une sainte joie se répandit parmi ces respectables vieillards, & quoique fatigués de leur long voyage, ils suivirent Bababalouk avec une agilité qui tenoit du miracle. Ils enfilèrent les augustes portiques, & trouvoient bien flatteur que le Calife ne les reçût pas, comme des gens ordinaires, dans la salle d’audience. Bientôt ils parvinrent dans l’intérieur du sérail, où à travers de riches portières de soie, ils crurent appercevoir de grands beaux yeux bleus & noirs qui alloient & venoient comme des éclairs. Pénétrés de respect & d’étonnement, & pleins de leur mission céleste, ils s’avançoient en procession vers de petits corridors qui sembloient n’aboutir à rien, & les conduisoient à cette petite cellule, où le Calife les attendoit.

Le Commandeur des Fidèles seroit-il malade, disoit tout bas Edris Al Shafei à son compagnon ? Il est, sans doute, à son oratoire, répondit Al Mouhateddin. Vathek, qui entendoit ce dialogue, leur cria : que vous importe où je suis ?