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VATHEK,

avancez toujours. Alors il sortit la main à travers la portière, & demanda le sacré balai. Chacun se prosterna avec respect, aussi bien que le corridor le permit, & même dans un assez beau demi-cercle. Le respectable Edris Al Shafei tira le balai des linges brochés & parfumés qui en défendoient la vue aux yeux du vulgaire, se détacha de ses confrères, & s’avança pompeusement vers le prétendu oratoire. De quelle surprise, de quelle horreur ne fut-il pas saisi ! Vathek, avec un rire moqueur, lui ôta le balai qu’il tenoit d’une main tremblante, & fixant quelques toiles d’araignée suspendues au plancher azuré, il les balaya & n’en laissa pas une seule.

Les vieillards pétrifiés n’osoient lever leur barbe de dessus la terre. Ils voyosent tout ; car Vathek avoit négligemment tiré le rideau qui les séparoit de lui. Leurs larmes mouilloient le marbre. Al Mouhateddin s’évanouit de dépit & de fatigue, pendant que le Calife, se laissant aller à la renverse, rioit & battoit des mains sans miséricorde. Mon cher noiraut, dit-il enfin à Bababalouk, vas régaler ces bonnes gens de mon vin de Shiraz29. Puisqu’ils peuvent se vanter de mieux connoître mon palais que personne, on ne sauroit leur faire trop d’honneur. En disant ces mots, il