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CONTE ARABE.

gardes se mirent à galoper après, & les palefreniers faisoient courir les chameaux en se culbutant les uns sur les autres.

On arriva enfin au lieu où les bêtes féroces avoient commencé le carnage ; mais elles avoient trop d’esprit pour ne s’être pas retirées au bruit d’un si horrible vacarme, ayant, du reste, soupé à merveille. Bababalouk se saisit pourtant de deux ou trois des plus grasses, & qui s’étoient tant remplies qu’elles ne pouvoient plus bouger : il se mit à les écorcher proprement ; & comme on étoit déjà assez éloigné de l’embrasement pour que la chaleur n’en fût que médiocre & agréable, on se détermina à s’arrêter dans l’endroit où l’on étoit. On ramassa les lambeaux des toiles peintes ; on enterra les débris du repas des loups & des tigres ; on se vengea sur quelques douzaines de vautours qui en avoient leur saoul ; & après avoir fait le dénombrement des chameaux qui préparoient tranquillement du sel ammoniac, on encagea tant bien que mal les dames, & on dressa la tente impériale sur le terrein le moins raboteux.

Vathek s’étendit sur ses matelas de duvet, & commençoit à se refaire des secousses de l’Ethiopienne ; c’étoit une rude monture ! Le repos