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CONTE ARABE.

qu’il cherchoit. Il falloit, pour y arriver, passer par cent corridors fort obscurs. Il les enfila en tâtonnant, & à la fin au bout d’une longue allée, il commença à entendre l’agréable caquet des femmes, & son cœur en fut tout réjoui. Ah ! ah ! vous n’êtes pas encore endormies, s’écria-t-il, en faisant de grandes enjambées ; ne croyez pas que j’aie abdiqué ma charge ; je m’étois seulement arrêté pour manger les restes de notre maître. Deux eunuques noirs, entendant parler si haut, se détachèrent des autres à la hâte, le sabre à la main ; mais bientôt on répéta de tous côtés : ce n’est que Bababalouk, ce n’est que Bababalouk. En effet, ce vigilant gardien s’avança vers une portière de soie incarnat, à travers de laquelle luisoit une clarté agréable, qui lui fit distinguer un grand bain de porphyre foncé, & d’une forme ovale. D’amples rideaux tombant en grands replis, entouroient ce bain ; ils étoient à demi-ouverts, & laissoient entrevoir des groupes de jeunes esclaves, parmi lesquelles Bababalouk reconnut ses anciennes pupilles étendant mollement les bras, comme pour embrasser l’eau parfumée, & se refaire de leurs fatigues. Les regards langoureux & tendres, les mots à l’oreille, les sourires enchanteurs qui accompagnoient les petites