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VATHEK,

confidences, la douce odeur des roses, tout inspiroit une volupté, contre laquelle Bababalouk lui-même avoit de la peine à se défendre.

Il garda pourtant un grand sérieux, & commanda d’un ton magistral de faire sortir ces belles de l’eau, & de les peigner d’importance. Tandis qu’il donnoit ces ordres, la jeune Nouronihar, fille de l’Emir, gentille comme une gazelle, & pleine d’espiéglerie, fit signe à une de ses esclaves de descendre tout doucement la grande escarpolette qui étoit attachée au plancher avec des cordons de soie. Pendant qu’on faisoit cette manœuvre, elle parla des doigts aux femmes qui étoient dans le bain, & qui bien fâchées d’être obligées de sortir de ce séjour de mollesse, emmêlèrent leurs cheveux pour donner de l’occupation à Bababalouk, & lui faisoient mille autres niches.

Quand Nouronihar le vit prêt à perdre patience, elle s’approcha de lui avec un respect affecté, & lui dit : « Seigneur, il n’est pas décent que le chef des eunuques du Calife, notre Souverain, se tienne ainsi debout ; daignez reposer votre gentille personne sur ce sopha, qui se rompra de dépit s’il n’a pas l’honneur de vous recevoir ». Charmé de ces accens flatteurs,