Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/232

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je les reprendre à m’es parents pour vous les donner ? Vous qui exigez de moi une passion sans réserves, avez-vous songé une seule fois au témoignage d’attachement que je pourrais vous demander. N’êtes-vous pas maître de votre personne et quand vous me montrez le néant du mariage ne me forcez vous pas à penser qu’il serait la sanction de notre amour. C’est impossible, n’est-ce pas… oui, c’est impossible, et le sacrifice revient à celui de nous deux auquel il coûterait davantage. Non, non, mille fois non, la volonté de ma conscience triomphera de l’entraînement de mon cœur. Je vous aurai aimé sans faiblesse, sans honte, et vous savez pourtant si je vous aime ; j’ai été droit à vous comme à l’homme de mon choix et de ma destinée ; vos paroles ont enflamme ma solitude, j’ai crié votre nom dans mes insomnies, mais je ne serais jamais sa maîtresse de celui qui ne me veut pas pour femme, et s’il faut vous suivre ou vous perdre, je vous perdrai. Elle tombe sur un canapé, affaiblie par l’émotion et poussant de douloureux soupirs. Le comte la regarde sournoisement et se dirige vers elle. Au moment où il va lui prendre la main, elle se relève impétueusement Ne m’approchez pas ! Ne m’approchez pas !



Scène VIII


LES MEMES, ADELE, puis DE LA ROSERAYE


ADÈLE

Voici votre père, mademoiselle.