Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/237

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après des prodiges d’activité et d’intelligence, je me suis trouvé un jour sans argent dans ma caisse, et sans appui dans mon entourage. J’ai perdu la tête, j’ai oublié toutes les règles, toutes les lois, jusqu’à contrefaire une signature, j’ai négocié des lettres de change dont la fausseté vient d’être découverte. J’implore votre indulgence et votre générosité ; à l’heure qu’il est, je puis encore, en désintéressant la question d’argent, étouffer la honte de celte affaire. Sauvez-moi, il faut que vous me sauviez, sauvez-moi.

LE COMTE

Assez, monsieur, assez ! Il y aurait beaucoup de choses à vous répondre, mais je ne suis pas un prédicateur, je suis un soldat, et votre histoire m’en rappelle une autre dont vous pourrez faire votre profit. J’avais dans mon régiment un jeune fourrier d’une vingtaine d’années, joli comme un cœur et prodigue comme un prétendant. Les vieux de la vieille se scandalisaient bien un peu de ses dépenses, mais on était indulgent pour lui et on pensait que les femmes ne le laissaient manquer de rien. Un jour, au moment où il était attendu chez le capitaine pour rendre ses comptes, on entendit une détonation dans sa chambre. Ce gamin-la s’était fait sauter la cervelle.

DE LA ROSERAYE

J’y avais pensé, monsieur, avant que vous m’en donniez le conseil.