Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 2.djvu/134

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ait-ce le dernier des hommes, il faut maintenant que je l’épouse. MARIE, à part. Elle souffre, la pauvre enfant, et elle déraisonne. BLANCHE, à part. Ah ! quelle faute nous avons commise ! Quelle faute ! À Marie. Tu me connais, toi, ma sœur, nous vivons ensemble depuis vingt ans sans un secret l’une pour l’autre. Est-ce que je ne suis pas une belle petite fille, bien aimante, c’est vrai, mais bien honnête aussi ? Je n’ai jamais eu une pensée qu’on ne puisse pas dire. Si j’avais rencontré M. de Saint-Genis dans la rue ou ailleurs, je ne l’aurais pas seulement regardé. Il est venu ici, la main dans celle de mon père, nous nous sommes plu tout de suite et l’on nous a fiancés aussitôt. Maman me recommandait bien plus de sagesse avec mon futur, mais c’était mon futur, je ne voyais pas de danger ni un bien grand mal en me confiant à lui.

MARIE Allons, calme-toi, tu exagères comme toujours. Tu as dit à M. de Saint-Genis que tu l’aimais, n’estce pas, tu es bien excusable puisque tu-devais l’épouser. Vous vous preniez les mains quelquefois et vous vous êtes embrassés peut-être, c’est un tort sans doute mais qui ne vaut pas les reproches que tu te fais. BLANCHE, après avoir hésité. Je suis sa femme, entends-tu, je suis sa femme !