Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/533

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« Quelle belle fillette cela fait ! dit Élisa en le faisant tourner pour le mieux voir. Nous l’appellerons Henriette, n’est-ce pas ? ce nom lui sied si bien ! »

L’enfant regardait d’un air grave l’étrange et nouvel accoutrement de sa mère. Il se taisait, poussait de profonds soupirs, et l’examinait à travers les éclaircies de ses boucles noires.

« Est-ce que Henri ne reconnaît plus maman ? » dit Élisa, et elle lui tendit les deux mains.

L’enfant se serra timidement contre la dame.

« Allons, Élisa, pourquoi essayer de l’apprivoiser, quand tu sais qu’il faut le tenir à distance ?

— Je sais que c’est un enfantillage, mais je ne puis endurer qu’il m’évite. Partons. Où est mon manteau ? Ah ! le voilà ! — Comment les hommes s’y prennent-ils pour mettre leurs manteaux, Georges ?

— Porte-le ainsi ! » et il le lui jeta sur les épaules.

Élisa imita son mouvement. « Ne me faudra-t-il pas frapper du pied, faire de longues enjambées, et tâcher d’avoir l’air hardi ?

— Ne t’y exerce pas, dit Georges. On rencontre, de temps à autre, un jeune homme modeste, et il te sera plus facile de prendre ce rôle-là.

— Ah ! quels gants ! se récria Êlisa. Miséricorde ! mes mains s’y perdent tout à fait.

— Je te conseille de ne les pas ôter, dit Georges, ta petite menotte effilée nous trahirait tous. — Maintenant, madame Smith, vous voyagez avec nous, et vous êtes notre tante, — ne l’oubliez pas !

— J’ai ouï dire, reprit madame Smith, que des gens étaient descendus au lac pour signaler à tous les capitaines de paquebots un homme et une femme, avec un petit garçon.

— Vraiment ! dit Georges. Eh bien, si nous les rencontrons, nous en donnerons avis là-bas. »

La voiture était à porte, et la digne famille qui avait