Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/534

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reçu les fugitifs se pressait autour d’eux pour leur dire adieu.

Madame Smith, qui habitait précisément au Canada, l’endroit même où se rendait Georges, et qui était à la veille de son départ, avait consenti à passer pour la tante du petit Henri. Afin de familiariser l’enfant avec cette nouvelles parente, on le lui avait confié pendant deux jours ; beaucoup de caresses et une quantité considérable de gâteaux et de sucre candi, avaient cimenté une étroite liaison entre la bonne dame et sa prétendue nièce.

La voiture arriva au quai. Les deux jeunes gens, ou du moins ceux qui passaient pour tels, franchirent la planche, et entrèrent dans le bateau, Élisa donnant galamment le bras à madame Smith, et Georges s’occupant des bagages.

Il alla ensuite au bureau du capitaine : pendant qu’il réglait le prix de la traversée, il entendit deux hommes parler à son coude.

« J’ai examiné une à une toutes les personnes qui sont venues à bord, disait l’un, et je réponds qu’ils ne sont pas ici. — La voix était celle du commis du paquebot ; il s’adressait à notre ancien ami Marks, qui, avec sa louable et habituelle persévérance, était venu jusqu’à Sandusky, flairant sa proie.

— Vous auriez peine à distinguer la femme d’une blanche, dit ce dernier. Le mulâtre est aussi d’une nuance très-claire ; une de ses mains a été marquée au fer rouge. » La main que Georges avançait pour recevoir les billets et la monnaie trembla un peu ; mais il se retourna froidement, fixa d’un œil indifférent celui qui parlait, et se dirigea à pas lents vers l’autre extrémité du bateau, où l’attendait Élisa.

Madame Smith et le petit Henri s’étaient réfugiés dans la chambre des dames, où la sombre et frappante beauté de la prétendue petite fille leur attirait force compliments.