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CONSTITUTION

Le conseil général notifie à toute la lune, au nom du peuple même qui l’habite, qu’il est las des persécutions que quelques factieux, mésestimés par tout, ont fait endurer aux partisans de la monarchie, aux prêtres réformés, aux écrivains honnêtes, qui ont librement manifesté des opinions qu’ils ont crues bonnes, que ces vexations anti-patriotiques font rougir la pudeur et gémir la nature ; qu’il ne veut, ni ne doit, ni ne peut les souffrir davantage, et qu’il est fortement décidé à punir, par la Constitution même, le premier soi disant patriote qui aura l’insolence de s’en rendre coupable et même de les excuser dans autrui, sous quelque prétexte qu’il cache sa lâche barbarie ou sa sotte salutation.

Il déclare de plus, à la face du ciel ;

Qu’il n’est point de propriété plus sacrée que l’opinion ; qu’il veut et ordonne, en conséquence, qu’on la respecte, quelqu’elle soit, dans tous les individus de l’empire ;

Qu’il ne voit rien de si naturel que de regretter les vieilles habitudes, qu’on a, pour ainsi dire, succées avec le lait ;

Qu’on ne peut soumettre la pensée par la force et qu’il faudrait avoir perdu toute pudeur et toute raison pour croire que des décrets de rigueur puissent violenter les préjugés et forcer les idées des citoyens ;

Qu’il faut plaindre et chérir davantage les citoyens qui s’affligent du nouvel ordre de choses, et chercher à les ramener à la paix, par des égards, par la douceur et par la compassion ;

Qu’il serait absurde, de toute absurdité, de vouloir réformer la nature, et qu’il n’y a point de puissance humaine qui puisse se flatter d’y