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PRÉFACE

Quand Maria Deraismes mit au service du féminisme son éloquence, son esprit et son cœur, le féminisme n’était encore qu’une revendication dont il était de bon ton de se gausser. Les rieurs de profession s’en amusaient ; aux formelles raisons opposant de faibles lazzis ; rééditant contre les aspirations légitimes de la femme vers un idéal de complète justice, les lieux communs, fatigués, d’une basse littérature. Des esprits masculins, plus sérieux, sans descendre à de telles polémiques, marquaient une certaine inquiétude de nouveautés qui leur paraissaient d’autant plus bizarres, que les premières propagandistes, attifant leurs idées de toilettes un peu voyantes, semblaient parfois se complaire elles-mêmes dans la bizarrerie. Ils eussent dû démêler dans le fracas de ces opinions ce qu’il y avait de juste et de sensé. Des voix autorisées avaient dénoncé, à toutes les époques, l’état de sujétion de la femme ; et la Révolution avait entendu, malheureusement pour ne les pas écouter, des orateurs équitables, réclamer l’égalité des deux sexes devant la loi. Mais ils restaient sourds, ou feignaient de ne voir, dans le mouvement qui s’indiquait,