Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/100

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VOyla donc quant a la figure de l’Hippopotamus retiré des marbres tres antiques, duquel les tailleurs voulants ensuyvir le naturel pour le plaisir de leur prince, ont fort biẽ observé toutes ces parties, lesquels n’ont rien oublié qu’on y sache desirer : comme lon peult veoir regardant les aureilles, les yeux, les narines, les levres, les dents, le col, les iarets, le dos, les costez, le ventre, la queue, les iambes. Somme toute la reste de cestui animal, n’est rien differente d’avec celuy qu’on voit a Constantinoble : dont ie puys faire foy, mais non sans autheur. Car un nommé Iaques Gassot, escrivant quelque petit discours du voiage de Constantinoble, entre autres choses qu’il ha escript de Constantinoble, ha touché ceste beste en quelque petite clausule, duquel les propres mots sont comme s’ensuyt. Il y a aussi (dit il) plusieurs lieux en Constãtinoble, ou lon mõstre beaucoup de bestes sauvages, Liepards, Ours, Asnes sauvages, Autruches, en quantité, aussi une certaine beste, que les uns appellent un Porc marin, les autres Bœuf marin, mais ie ne veoy point qu’il ressemble ny a l’un ny a l’autre, & en verité c’est la plus villaine & laide beste que ie vey onc, l’on dit qu’elle a esté apportee du Nil. Tout cela disoit Gassot de l’Hippopotame, non pas (comme i’ay dict) qu’ils sachent a Constantinoble le nommer d’un nom ancien, mais ils le nomment selon ce qu’ils en peuvent veoir a l’œil.

XXIII.

Que plusieurs Empereurs, ayent anciennement faict graver diverses especes de bestes en leurs medalles, & que entre autres on y veoit la figure de l’Hippopotamus.

APres que i’ay baillé la figure de l’Hippopotamus retiré du marbre, ie veul consequemment en bailler quelque autre retiree de l’or, laquelle l’Empereur Adrien avoit faict engraver en une medalle, en laquelle est contenu toute l’histoire du Nil tout ainsi comme en celle de Belveder a Rome. Mais pource que ie ne veul descrire ne les fleuves, ne les statues, ie retourneray a mon Hippopotamus, lequel monsieur le tresorier Grollier m’a permis retirer d’une de ses antiques medalles d’or, dont il ha grand nombre, & duquel la figure que i’ay retiree est totalement semblable a celle