Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De ceste n’entens ie pas, ne aussi des vignols dont ceuls du Bresil font les patenostres, ne aussi des Nacres ou meres de perles, qui ressemblent a l’escaille d’une huistre, ne aussi de plusieurs autres qui sont nommez Nacres de perles. Mais i’entens de ces belles Coquilles, rondes & caves, faictes en maniere de navire, tant luysantes & poliees, dont la couleur est plus excellente & exquise, que n’est la naifue couleur des perles : & la desquelles mesmemẽt splendeur faict apparoistre un arc en ciel, d’une infinité de couleurs reluisantes qui se referent es yeulx de ceux qui les cõteplẽt. Dont i’estime que les vaisseauls qui en furẽt anciennemẽt faicts, prindrent ceste appellation de Murrhina, d’autant qu’ils tenoient quelques merques de la couleur de Murex qui est a dire Purpura. Mais ie veoy maintenant une maniere de vaisseauls que ie croy estre de l’invention moderne quasi correspondants aux antiques nommez en vulgaire vaisseauls de Porcelaine, & croy bien que leur nom moderne se resente quelque chose de l’antique appellation de Murrhina. Ces vases de Porcelaine sõt les plus celebres qu’õ veoit pour le iourd’huy. Lesquels sont en ce differents aux anciẽs que ceuls ci sont artificiels, & les autres nõ. Ie trouve que les vaisseauls de Porcelaine sont faicts la pluspart de la pierre nommee Morochthus, ou Leucographis : de laquelle les Egyptiẽs se servoient anciennement a blanchir leurs linges : mais ils en ont tourné l’usage a donner les couvertures & enduicts ou revestemẽts aux subsdicts vaisseauls. Et combien qu’il y ait de telle pierre au pais Vicẽtin, au territoire Venitiẽ aupres de la tour Rousse, qu’on porte a Sallo, & de la par le lac de guarde pour distribuer es villes d’Italie, dont ils fõt les couvertures des subsdicts vases de Porcelaines toutesfois il n’y ha nulle comparaison d’excellence d’ouvrage aux vaisseauls de Porcelaine faicts en Italie, avec ceuls qu’on faict en Azamie & Egypte, lesquels sont transparents & excellents en beaulté, & dont nous scavons que la piece pour petite qu’elle soit est vendue au Caire deux ducats, comme est une escuelle ou un plat. Il y en ha au Caire qui y ont esté apportez de Azamie, c’est a dire Assirie & disent qu’on en faict aussi en Inde : dont une grãde aiguiere ou coquemart est vendu cinq ducats la piece. Si est ce qu’ils sont vaisseauls mal cõvenants a mettre au feu. Tels vases sont artificiels faicts de ce que i’ay dict. Mais les vases dont