Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/108

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usoient les Romains, estoient naturels, n’aiants autre artifice de l’ouvrier, sinon belle pollissure : & enchassement de la Coquille. Or pource que i’ay entrepris d’expliquer ceste chose, & la prouver par la peincture, & par les vases qu’on en faict, il m’a semblé bon ne passer oultre que premier ie n’en baille leur description que ie prendray de Pline & consequemment le portaict. Si i’entreprenoye descrire toute l’histoire des vaisseauls de Porcelaine, i’entreroye en un grãd Labyrinthe hors de mõ propos, dont ie ne pourroye ayseement sortir. Parquoy ie finiray des vaisseauls de Porcelaine, & prendray a parler des vaisseauls de Murrhina, que i’ay desia distingué des vaisseauls de Porcelaine, desquels Pline ha amplemẽt escript au secõd chap. du xxxvii livre, dõt il me suffit en toucher legierement quelque petit mot en prouve de ce que i’ẽ ay desia parlé. Au lieu dessus allegué Pline dict, qu’on n’en avoit encor point veu a Rome avant la victoire Asiatique de Pompee lequel en dedia premieremẽt six de son triũphe a Iupiter. Mais tantost apres par excellence chasque grand seigneur en voulut avoir. Il en dict beaucoup d’avãtage, que ie laisse a cause de briefueté : toutesfois i’ay bien voulu adiouster ce qu’il en escript sur la fin du chapitre. C’est que tels vaisseauls estoient apportez du pais d’orient a Rome, & qu’on y en trouvoit en plusieurs endroicts, mais grandement au roiaulme des Parthes, & principalement en Carmanie. L’on estime (dit il) qu’ils soient procrées soubs terre d’ũ humeur espessie par la chaleur. Leur grandeur n’excede iamais les petits Gardemãgers, & peu souvẽt, sont si espes qu’est un vaisseau a boire. Ces vaisseauls (dit il) ont splendeur sans force, & plustost niteur que splendeur. Mais la diversité des couleurs les faict estre en estime & hault pris, scavoir est de taches se changeants en circuit de couleur de pourpre & blancheur, & tiercement d’une vive & enflammee couleur entre les deux, comme par pourpre surpassant la rougeur, ou blanchissant en couleur de laict. Aucuns louent principalement en euls les extremitez, & quelques reverberation de couleurs, telles qu’on voit en l’arc en ciel, c’est a dire celeste. Les taches grasses ou espesses y sont plaisãtes : mais la transparence on palle couleur y est vicieuse, & aussi les inequalitez & verrues non eminentes, mais plates, comme es