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V.

Comparaison des mamelles du Daulphin contre celles de touts autres animauls. Desquels les uns les ont en la poictrine, les autres le long du vẽtre, les autres aus eynes.

SEmblablement aussi est veue la veine cave, c’est a dire la veine creuse, qui sort du foie, laquelle il ha enflee plus grosse que le doigt, plaine de sang, estendue le long du dos : laquelle puis se depart en rameaux, & monte par le derriere du membre honteux de la femelle, & va porter l’aliment tant en la matrice que aux mamelles ou se faict le laict : desquelles mamelles, ie parleray cy apres plus amplement. Leurs rongnons sont gros de chasque costé & spongieux, lesquels i’estimoye au paravant estre les mamelles : mais les mamelles sont cachees dessoubs la peau entre les muscles de l’epigastre le long du ventre, il est facile a les trouver incontinent, si lon suit le petit bout exterieur : car environ d’une paulme loing des bouts des tetins, il y ha une charnure ou caruncule, qui s’estend en long, cõposee d’une chair molle, spongieuse & rouge, qui reçoit le sang, tant des veines de la poictrine, que de celles des eines, lequel nature y converti en laict. Le Daulphin & Marsouin & plusieurs autres poissons qui ont poulmons, n’ont que deux bouts es mamelles : mais nature ne l’ha pas faict sans raison, car comme nous voions la femme enfanter le plus souvẽt un seul au coup : aussi nature ne luy ha donné que deux tetins, sachant bien qu’ils peuvent suffire a un seul. Semblablement les autres animauls aquatiques ou terrestres qui n’ont qu’un petit a la fois, n’ont eu affaire de plusieurs mamelles : desquels il y en ha qui les portent en la poictrine, cõme sont les chauves souris, que Pline avoit au paravant escript, laquelle chose i’ay n’a gueres trouvé estre vraye par leurs anatomies faictes dedens la grande Pyramyde d’Aegypte, & dedens le Labyrinthe de Crete, car i’ay veu les meres baillants a teter a leurs petits de leurs mamelles du lait qu’elles ont en la poictrine. Une chose qui ma semblé digne de grande admiration en elles, est qu’elles ne font point nid. Car elles se pendẽt en l’air de leurs crochets des aelles, en allaictãts leurs