Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

petits qui sont semblablement pendus aux pierres des voultes. Les Singes pareillement ont des mamelles en la poictrine. Ce qu’on ha aussi escript des Sphinges. Mais les autres animauls qui ont grand nombre de petits a nourrir, comme Taulpes, Sãgliers, Herissons, Porcs espis, & autres semblables ont eu besoing de plusieurs bouts es mamelles, lesquelles sont estendues le long du ventre, comme nous voions es chiennes. Les autres qui ne nourrissẽt qu’un petit a la fois, comme Girafes nommees en Latin Chamelo pardales, Elephants, Chameauts, Iuments, Chamois, Boucs estains n’õt eu affaire que de deux bouts. Toutesfois les tettes de to les susdicts animauls sont eminents au dehors. Mais ils sont cachez au Daulphin de moult grand industrie d’autant qu’ils participẽt de l’artifice dont ha use nature en les dessusdicts. Car leur position est comme sont les tettes de ceuls qui portent plusieurs animauls, qui les ont le long des muscles de l’Epigastre ou Abdomen sinon qu’ils sont cachez dessoubs la peau. Mais les bouts des tettes du Daulphĩ que les Latins nõment Papillas, & que les Frãçois champestres appellent traions, ont leur situation a la maniere des animauls a quatre pieds, qui ne rendent qu’un petit a la fois, lesquels nature luy ha cachez au dedens, pour la discõmodité qu’ils eussent faict au poisson, s’ils eussent esté dehors, d’autant que cela eust esté empeschement a sa vistesse. Les ureteres du Daulphin sont veues manifestes descendre en la vescie tant des masles que des femelles : laquelle vescie est aussi grande comme celle de la Grenoille de mer. Nous l’avons enflee & emplie, ou nous avons trouvé qu’elle contient une chopine d’eau. Ne les Daulphins ne la reste des autres de leur genre, n’ont point de fiel, qui me semble chose estrange : car mesmement en mangeant expressement de leur intestin nommé Pylorus, lequel est celuy qui envoie les excrements au fiel, nous l’avons trouvé amer, comme s’il eust esté participant de quelque amertume de fiel : & toutesfois ne l’estomach, ne l’autre intestin d’apres n’avoient point ce goust la, ne aussi le foie, lequel quand il est bien accoustré, est semblable en saveur & au goust du foye d’un porceau : & de quelque endroict qu’on en sache manger, il n’est point trouvé amer. Si est ce que le fiel sert grandement a touts animauls qui ont sang, & est