Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/8

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touchant ce qui appartient a la principale descriptiõ de l’histoire ne soit que une repetition dicte plusieurs fois. Aussi qui ne les ensuit de bien pres, n’ha pas grand chose a dire qui soit nouvelle. Voila donc comment les modernes qui ont cheminé par les pas des antiques, qui se sont mis a traicter de la nature des animauls qu’ils n’ont pas veu, n’en peuvent dire sinon ce qu’ils en ont trouvé es livres des autres. Dont plusieurs pour le iourd’huy ont faict des ramas de toutes choses mal a propos, en prenant indifferemment des autheurs, tãt de ceuls qui en ont menti, comme des autres qui en ont escript a la verité. Et comme il est a presupposer que touts n’aient pas entendu la verité de la chose qu’ils ont escripte, aussi si les modernes qui ont marché par leurs pas, ne l’ont entendue, il leur auroit esté impossible de scavoir distinguer les marques mal escriptes, de celles qui en ont esté dictes a la verité. Ie n’ay donc pas failli en disant que tout ce qu’ils en escrivent, n’est que redicte, qui n’ha rien d’asseurance ferme & stable. Et pour en monstrer une pour exemple, ie prendray le Daulphin, & les autres poissons de son espece. Il n’y a cellui de ceuls qui escrivent de sa nature, qui ne mette qu’il ait un aguillõ dessus son dos : & toutesfois ie maintiens quil n’en ha point. Dõt vient l’erreur qui ha trompé tant de gents, sinon qu’il n’y a eu encor personne qui se soit mis en debvoir de l’observer ? Voila donc comment l’un ensuit l’autre en toutes notes. Mais ie espere specifier ceste chose plus au lõg, quãd i’en parleray en son propre chap. presupposãt qu’un chascũ face du mieuls qu’il luy soit possible, & aussi que l’excuse soit par tout tolerable : veu mesmemẽt que touts hõmes se mettẽt en debvoir de faire du mieuls qu’ils peuvẽt. Parquoy sachãt que l’aage renouvelle tout, & aussi que no voiõs quasi toutes choses se chãger de iour en iour, i’ay escript un discours particulier touchant ceci, qui au paravant n’a esté escript de personne. Et ce que ie pretens faire, n’est autre chose, sinon que ie vueil enseigner la vraie perspective du Daulphin, & aussi en bailler la peincture, laissant toutes prolixitez inutiles, mais au surplus n’oubliant rien de quoy ie me soye peu souvenir des notes qui luy conviẽnent singulierement : a fin que ayãt mis & exposé toutes les parties exterieures & interieures, selon que ie les ay observees en diverses contrees du monde, un chascun