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Page:Benoit L Atlantide.djvu/70

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précédente. Sur son ordre, je demandai et obtins ma mise en congé d’inactivité pour trois ans. Au bout de ces trois ans d’oblature, on devait bien voir si le monde était définitivement mort pour votre serviteur.

« Le premier jour de mon arrivée au cloître, je fus mis à la disposition de Dom Granger, et affecté par lui à l’équipe du fameux Atlas du Christianisme. Un bref examen lui permit de juger quel genre de services j’étais susceptible de lui rendre. C’est ainsi que j’entrai dans l’atelier chargé de la cartographie de l’Afrique du Nord. Je ne savais pas un mot d’arabe, mais il se trouvait que, en garnison à Lyon, j’avais suivi, à la Faculté des lettres, les cours de Berlioux, géographe illuminé sans doute, mais plein d’une grande idée : l’influence exercée sur l’Afrique par les civilisations grecque et romaine. Ce détail de ma vie suffit à Dom Granger. Incontinent, je fus pourvu par ses soins des vocabulaires berbères de Venture, de Delaporte, de Brosselard, de la Grammatical sketch of the Temâhaq, par Stanhope Fleeman, et de l’Essai de grammaire de la langue temâchek, par le commandant Hanoteau. Au bout de trois mois, j’étais en mesure de déchiffrer n’importe quelle inscription tifinar. Vous savez que le tifinar est l’écriture nationale des Touareg, l’expression de cette langue temâchek qui nous apparaît comme la plus curieuse protestation de la race targui vis-à-vis de ses ennemis mahométans.

« Dom Granger avait en effet la conviction