Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous à épouser un officier ; et cette concession faite, vous verrez s’évanouir, je vous le jure…

— C’est impossible, interrompit vivement Suzanne. La pensée d’une séparation, la prévision d’une guerre, la possibilité d’un péril pour lui me tuerait. Vous avez beaucoup d’influence sur Gaston… dites-lui tout ce que je n’oserais dire, aidez-nous à triompher et je vous aimerai comme un frère !

C’était une nuit sombre et sans lune ; quelques étoiles scintillaient faiblement au sein des nuages épais tout gonflés d’électricité ; à de longs intervalles, un éclair pâle glissait parmi les arbres ou traçait un sillon d’or mouvant sur la surface immobile de la Loire. Suzanne attribuait son accablement et sa tristesse, Félix le frémissement intime qui l’agitait, à cette