Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/131

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Ainsi que nous l’avons constaté, le séjour en Belgique, entre 1830 et 1880, de maîtres de la pensée française tels que Victor Hugo, Baudelaire dont l’influence, toutefois, ne fut pas immédiate, d’Émile Deschanel, avait préparé cette évolution, cet éveil[1].

D’autre part, les Belges, en voyant s’affirmer chaque jour leur indépendance nationale et leur richesse économique, se sentaient allégés du souci qui, depuis tant de siècles, paralysait leur activité artistique. L’imagination fait trêve, forcément, quand la nécessité plie l’homme sous son joug. Et, ainsi qu’il arrive toujours après un long temps de privations, l’esprit, comme le corps, ressent une sorte de fringale qui le rend avide de dédommagement.

L’idée d’un groupement d’écrivains belges germa très vite dans la pensée de plusieurs jeunes auteurs. Elle suscita d’abord la création de la Jeune Revue, dans laquelle des étudiants publiaient leurs œuvres.

En 1881, sous l’impulsion de Max Waller (de son vrai nom Maurice Warlomont), âgé seulement de 21 ans, mais enthousiaste, ardent, séduisant, audacieux et qui semblait être le chevalier persuasif de « l’esprit nouveau », ce groupement s’étendit : la Jeune Revue fit place à la Jeune Belgique.

Cette même année, Octave Pirmez publiait

  1. Les conférences d’Émile Deschanel développèrent, dans son auditoire féminin, le goût de la culture intellectuelle.