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IV

ARMAND SILVESTRE


Dire de Carvalho qu’il était superstitieux, c’est ne rien dire. Il était l’auberge de toutes les crédulités connues ou à connaître, elles logeaient à pied, à cheval et en voiture dans cette cervelle ouverte aux quatre vents de la rosace. Il n’a jamais « voulu » quelque chose, même cet autre Faust qui le hantait et qu’il attendait de la veine, uniquement. On lui aurait juré que cet autre Faust était dans sa tabatière, qu’il n’en aurait même pas poussé le couvercle pour le renifler avec sa prise.

De pareil fataliste, je n’en ai pas connu, même à la fin du Second Empire, où n’était boulevardier pourtant qui ne le fût des pieds à la tête, à l’exemple d’ailleurs du maître des Tuileries. Pour les intellectuels de cette époque, vouloir n’était pas seulement le verbe bête, il était le porte-guigne et catastrophard, qui attirait la foudre, et, comme en Grèce, déchaînait la fureur des dieux. La théorie de ce