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VII

ALBERT GLATIGNY


Tout le monde a été plus ou moins atteint, de dix-huit à vingt-cinq ans, du mal chanté par le poète Millevoye et qui mène à pas lents les jeunes malades au mausolée[1]. En 1867 il était encore à la mode et je l’avais. On m’envoya de vers les bords liguriens manger des pommes d’or sur l’arbre, les citrons étant microbicides. Inutile de vous dire que je guéris, puisqu’au bout de 44 ans je vous le raconte. Il faut croire, d’ailleurs, que mes amis ne considéraient pas mon cas comme grave, car je recevais d’eux des lettres sous la suscription suivante : « Monsieur Émile Bergerat, poitrinaire français, à Menton, Alpes-Maritimes. » Et de rire, ce qui est la bonne cure, et même la panacée universelle.

C’était Coquelin — qui m’avait conduit à la gare de

  1. Voir le premier volume des Souvenirs d’un enfant de Paris, chap. 1er.