Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Il est assis, Jeanne sur ses genoux, à droite de la cheminée, dans un enfoncement qu’on appelle : le bastion, sans doute en souvenir du siège. Il conte.

« — Je ne lis jamais, dit-il, les lettres qu’on m’adresse. À Guernesey c’était Madame (et il salue Mme Drouet) qui me faisait l’honneur de dépouiller mon courrier. Elle s’y entendait à merveille, et mon fils François répondait pour moi.

— Dans votre manière, glisse Monselet.

— On le dit, sourit-il. — Et Gouzien flagorne : — L’habitude de Shakespeare… — Forme la jeunesse, achève le maître, écartant d’un geste la fumée des holocaustes.

« Jeanne dodeline de sa tête frisée, qui se défrise, elle saute à bas du giron de l’aïeul, présente son front à baiser à la ronde, et son frère l’emmène avec sa dignité de dauphin ennuyé qui reconduit l’infante.

« Et Victor Hugo continue : — Après ma mort on retrouvera dans les combles d’Hauteville House des malles pleines d’autographes des hommes les plus illustres de ce temps. — Et des femmes les plus belles, souligne l’amphitryonne. — Pas les vôtres, Madame, relève superbement Olympio.

« Je lui demande s’il y en a de Théophile Gautier. — Certainement, fait-il, nul ne me fut plus fidèle, intrépidement fidèle. Vous savez que c’est Théophile qui fit la préface du catalogue de ma vente, après notre fuite, pendant l’exil, et la signa de son grand nom de critique d’art officiel, ouvertement. Et, par enchaînement d’idées : — Il y a aussi, dans le grenier là-bas, des pièces d’art ramassées pendant mes