Page:Bergson - Matière et mémoire.djvu/39

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physiques et chimiques. A mesure qu’on s’élève dans la série des organismes, on voit le travail physiologique se diviser. Des cellules nerveuses apparaissent, se diversifient, tendent à se grouper en système. En même temps, l’animal réagit par des mouvements plus variés à l’excitation extérieure. Mais, même lorsque l’ébranlement reçu ne se prolonge pas tout de suite en mouvement accompli, il parait simplement en attendre l’occasion, et la même impression qui transmet à l’organisme les modifications ambiantes le détermi­ne ou le prépare à s’y adapter. Chez les vertébrés supérieurs, la distinction devient sans doute radicale entre l’automatisme pur, qui siège surtout dans la moelle, et l’activité volontaire, qui exige l’intervention du cerveau. On pourrait s’imaginer que l’impression reçue, au lieu de s’épanouir en mouvements encore, se spiritualise en connaissance. Mais il suffit de comparer la structure du cerveau à celle de la moelle pour se convaincre qu’il y a seulement une différence de complication, et non pas une différence de nature, entre les fonctions du cerveau et l’activité réflexe du système médullaire. Que se passe-t-il, en effet, dans l’action réflexe ? Le mouvement centripète communiqué par l’excitation se réfléchit tout de suite, par l’intermédiaire des cellules nerveuses de la moelle, en un mouvement centrifuge déterminant une contraction mus­culaire. En quoi consiste, d’autre part, la fonction du système cérébral ? L’ébranlement périphérique, au lieu de se propager directement à la cellule motrice de la moelle et d’imprimer au muscle une contraction nécessaire, remonte à l’encéphale d’abord, puis redescend aux mêmes cellules motrices de la moelle qui intervenaient dans le mouvement réflexe. Qu’a-t-il donc gagné à ce détour, et qu’est-il allé chercher