Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/22

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la maison de mon grand-père. Toutes ces villes, cette riche verdure,… c’est ravissant, c’est beau,… il n’y a rien de pareil en Italie[1]. » Évidemment l’influence maternelle avait été pour quelque chose dans ce sentiment d’amour du clocher, amour si profondément tenace dans le cœur du poëte.

Les années d’enfance, passées à la Côte-Saint-André, ne présentèrent aucun fait saillant ; le jeune Hector révélait cependant des dispositions intelligentes. Son penchant l’attirait vers l’étude de la géographie et ses rêves l’entraînaient vers une île déserte, paradis imaginaire de tous les enfants qui ont lu Robinson Crusoë. Sur la mappemonde, son petit doigt rose s’égarait de préférence sur la carte de l’Océanie, où tant d’archipels émergent de l’onde amère, comme ces insectes que le pied d’un passant réveille dans leurs trous de sable. Le grec et le latin, il ne les apprenait que par soubresauts et avec toutes sortes de caprices, sautant de l’Énéide aux fables de la Fontaine, et ne paraissant pas avoir goûté beaucoup les vrais classiques, Horace, Tite Live, Tacite, Salluste, Homère, Xénophon, Sophocle. En revanche, les livres qu’il aimait lui profitaient d’autant plus qu’il les lisait avec passion, tout en négligeant le reste. Ce fut son procédé, sa manière d’apprendre, à lui, jusqu’à la fin de sa vie. Jamais on ne put lui mettre dans la tête ce qui n’y voulait pas entrer ; mais il sut tout ce qu’il voulut, et, plus d’une fois, devança l’enseignement de ses maîtres ou le corrigea par son expérience personnelle.

Son premier professeur de musique sérieux fut un nommé Imbert, que le malheur des temps avait jeté à la Côte-Saint-André et qui y était resté à titre d’épave. Il reçut aussi les leçons d’un M. Dorant (Alsacien de Colmar), que nous retrouvons dans un chapitre des Grotesques de la musique.

  1. Mémoires, p. 182.