Page:Berlioz - La Damnation de Faust, Richault.djvu/12

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En effet, on sait qu’il est absolument impraticable de mettre en musique un poëme de quelque étendue, qui ne fut pas écrit pour être chanté, sans lui faire subir une foule de modifications. Et de tous les poëmes dramatiques existants, Faust, sans aucun doute, est le plus impossible à chanter intégralement d’un bout à l’autre. Or si, tout en conservant la donnée du Faust de Goëthe, il faut, pour en faire le sujet d’une composition musicale, modifier le chef-d’œuvre de cent façons diverses, le crime de lèse-majesté du génie est tout aussi évident dans ce cas que dans l’autre et mérite une égale réprobation.
Il s’ensuit alors qu’il devrait être interdit aux musiciens de choisir pour thèmes de leurs compositions des poëmes illustres. Nous serions ainsi privés de l’opéra de Don Juan, de Mozart, pour le livret duquel Da Ponte a modifié le Don Juan de Molière; nous ne posséderions pas non plus son Mariage de Figaro, pour lequel le texte de la comédie de Beaumarchais n’a certes pas été respecté; ni celui du Barbier de Séville, de Rossini, par la même raison; ni l’Alceste de Gluck, qui n’est qu’une paraphrase informe de la tragédie d’Euripide; ni son Iphigénie en Aulide, pour