Page:Berlioz - Mémoires, 1870.djvu/254

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voix d’hommes et un soprano, dont l’effet, dit-on, est de la plus piquante originalité.

Il y a à Francfort une institution musicale qu’on a citée devant moi plusieurs fois avec éloges : c’est l’Académie de chant de Sainte-Cécile. Elle passe pour être aussi bien composée que nombreuse ; cependant, n’ayant point été admis à l’examiner, je dois me renfermer, à son sujet, dans une réserve absolue.

Bien que le bourgeois domine à Francfort dans la masse du public, il me semble impossible, eu égard au grand nombre de personnes de la haute classe qui s’occupent sérieusement de musique, qu’on ne puisse réunir un auditoire intelligent et capable de goûter les grandes productions de l’art. En tous cas, je n’ai pas eu le temps d’en faire l’expérience.

Il faut maintenant, mon cher Morel, que je rassemble mes souvenirs sur Lindpaintner et la chapelle de Stuttgard. J’y trouverai le sujet d’une seconde lettre, mais celle-là ne vous sera point adressée ; ne dois-je pas répondre aussi à ceux de nos amis qui se sont montrés comme vous avides de connaître les détails de mon exploration germanique ?

Adieu.

P.-S. — Avez-vous publié quelque nouveau morceau de chant ? On ne parle partout que du succès de vos dernières mélodies. J’ai entendu hier le rondeau syllabique Page et Mari, que vous avez composé sur les paroles du fils d’Alexandre Dumas. Je vous déclare que c’est fin, coquet, piquant et charmant. Vous n’écrivîtes jamais rien de si bien en ce genre. Ce rondeau aura une vogue insupportable, vous serez mis au pilori des orgues de Barbarie et vous l’aurez bien mérité.