Page:Bernard - Étude sur les marais de la Vendée et les chevaux de Saint-Gervais.djvu/15

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la vitesse ; devant un tel état de choses, la race trop vieille des marais devait infailliblement se transformer. La production du cheval de gros trait que le propriétaire vendéen tenait de ses ancêtres, qu’il élevait comme eux en le confiant à nos herbages plantureux, devait être abandonné devant les besoins de l’époque ; son intérêt personnel lui dictait d’entrer dans les vues du gouvernement.

D’ailleurs, l’État, qui avait tout avantage à voir la race mulassière se transformer en chevaux plus légers, fit des sacrifices et s’occupa activement de l’œuvre qu’il avait déjà commencée en faisant exécuter des travaux de dessèchement dans le marais.

Vers cette époque, des étalons normands du type primitif furent envoyés dans la contrée et distribués dans différents points, chez des propriétaires jouissant d’une certaine considération, d’une grande influence, et offrant, par leur fortune, la bonne tenue de leur exploitation, le plus de chance de réussite possible. L’étalon royal rapportait un certain bénéfice à l’éleveur, à qui on l’avait confié ; on délivrait à ce dernier un brevet d’étalonneur qui était une marque honorifique, et puis, il avait une subvention très rémunératrice du gouvernement, ce qui aiguillonnait son zèle.

Pendant que les étalons royaux infusaient un sang nouveau à notre vieille souche, dont ils commençaient la transformation, des juments de même provenance venaient, par leurs croissements avec nos poitevins les plus légers, accélérer l’œuvre commencée par les premiers. Ces juments rapportaient de beaux deniers à leurs propriétaires. Elles étaient aussi placées chez des cabaniers reconnus capables de leur donner des soins intelligents. Elles leur appartenaient après leur premier produit ; ce produit reve-