Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/105

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coulé à fond avec le vaiſſeau de Federic, qui demeura ſeul & abandonné en cette extremité. Il regarda tendrement Amaldée, & ſans decider ce qu’il demandoit de luy, il luy inſpira en même temps l’envie d’en faire ſon priſonnier, & le deſſein de le rendre libre, d’abord ils ne ſe dirent rien, mais enfin Amaldée prit la parole comme le plus libre ou comme le plus hardy ? il eſt certain que lors que l’amour ne paroiſt pas ſous ſa propre figure il ne fait pas de grands deſordres, il n’eſt preſque redoutable que par la peur qu’on a de luy, & bien qu’il fût dans le cœur d’Amaldée comme dans celuy de Federic, il faiſoit beaucoup moins de fracas dans l’un que dans l’autre : Amaldée l’avoit reçeu ſans le connoître, & il ne luy donnoit que de legeres inquietudes dont il ne ſçauroit diſpenſer perſonne, mais Federic qui vouloit s’oppoſer à ſes progrés eſtoit tourmenté par la honte de l’avoir ſouffert, & par le deſſein de le bannir. Le mal n’eſt extréme que lors qu’il faut s’en guerir, & c’eſt dans ces combats qu’on eſt à plaindre. Ah ! Prince, s’écria Amaldée, faut-il que je ne vous renvoye que pour